Bien qu’aujourd’hui toute l’attention soit focalisée sur la prise en charge des patients atteints par la COVID-19, les établissements hospitaliers prennent, quotidiennement, soins de centaine de patients affectés par diverses pathologies. Lieu de vie et de soins par excellence, les hôpitaux sont des lieux particuliers, teintés de pudeur et d’intimité. Cependant, pour rendre compte de la réalité de terrain, des journalistes décident d’y poser leurs caméras.
En immersion
En février 2019, RTL TVI diffusait un tout nouveau programme intitulé « Au cœur de l’hôpital des enfants ». Ce programme, présenté par l’animatrice Julie Taton, narrait le quotidien de trois spécialistes pédiatres : les docteurs Hélène Demanet, chirurgienne cardiaque, Diane Franck, chirurgienne plasticienne, et Stéphane Luyckx, chirurgien urologue. Ainsi, tout au long des quatre épisodes, les téléspectateurs ont fait la connaissance de petits patients, qui malgré leur jeune âge, ont déjà dû faire face à des incidents de santé tels que des accidents ou des maladies. Maud Rouillé, Responsable communication de l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola était d’ailleurs venue faire part de cette expérience lors de l’édition 2019 des Journées d’études de santhea.
Cependant, cette émission n’est pas une exception. En effet, un nouveau programme du même type a vu le jour il y a peu : « Toubibs, au cœur de l’hôpital Ambroise Paré ». Actuellement diffusé sur RTL TVI, il relate cette fois-ci l’histoire des patients de l’Hôpital Ambroise Paré. L’émission est née de l’initiative de David Oxley, journaliste indépendant adepte des reportages d’immersion. Lorsqu’il a proposé de tourner un documentaire au sein de l’établissement hospitalier montois, la Responsable communication n’a pas hésité un instant. « Nous y avons vu une opportunité de pouvoir promouvoir la santé. C’est une émission axée sur la prévention et l’importance de venir se soigner car nous remarquons que pour certaines personnes, qu’importe leur région, leur santé n’est pas une priorité. Elles arrivent donc à l’hôpital dans des états parfois très graves. Cela aurait pu être évité si elles avaient eu un suivi plus accru et adapté, que ce soit chez leur médecin généraliste ou chez un médecin spécialiste. », explique France Brohée. Un avis visiblement partagé par les équipes soignantes de l’hôpital, qui se sont prêtées au jeu des caméras sans rechigner. « Je vais parler en leur nom, mais je pense que c’est particulièrement difficile pour eux de voir arriver en consultation des personnes qui auraient pu éviter de lourdes complications. Il est essentiel de dédramatiser le passage à l’hôpital et rassurer les citoyens. Prendre soin de soi et de sa santé peut souvent sauver la qualité de vie ! Un suivi régulier chez son médecin permet d’anticiper de lourdes pathologies ou encore des maladies chroniques qui entrainent parfois des conditions de vie difficiles. L’expérience a, de ce fait, bien été vécue par les équipes de terrain car elles y ont vu l’opportunité de pouvoir sensibiliser et rassurer les téléspectateurs qui quand ils regarderont cette émission se diront peut-être qu’il est temps d’aller consulter un médecin. », détaille la Responsable communication.
Face à la détresse des patients et aux mauvaises nouvelles qui l’accompagnent, nous pourrions être tentés de zapper ce type de programmes. Pourtant, la plupart d’entre eux sont destinés à revaloriser l’image des établissements hospitaliers et véhiculent ainsi un message positif et optimiste. Ils aident notamment à humaniser les soins et tendent à porter un nouveau regard sur les hôpitaux, souvent perçus comme des lieux froids et austères. « Cette émission est une expérience humaine unique. Ce qui transparait, c’est le rapport du soignant et du patient. Il permet de montrer que nous restons tous des êtres humains. Les médecins, qu’ils soient généralistes ou spécialistes, sont avant tout là pour nous aider et nous accompagner dans nos projets de vie. » souligne France Brohée.
Au cœur des unités COVID-19
La COVID-19 a complétement bouleversé le travail et le quotidien du personnel des hôpitaux. Sur le front depuis plusieurs mois, il vit à un rythme effréné. Cependant, il est très difficile pour la population de mesurer les nombreuses difficultés auxquelles doivent faire face les professionnels de santé et d’imaginer la situation extrêmement compliquée dans laquelle ils évoluent. C’est pour cette raison que des journalistes belges (et internationaux !) font état de la situation des hôpitaux de notre pays au travers de séquences diffusées dans les journaux télévisés. Pour preuve, Notélé (télévision régionale de la Wallonie Picarde) a récemment tourné un reportage au Centre Hospitalier Wallonie Picarde tandis que la ERT (chaîne du groupe audiovisuel public grec) en a réalisé un au Centre Hospitalier de l’Université de Liège. Certains journalistes préférant creuser le sujet plus en profondeur, ils réalisent des reportages grands formats dédiés à la thématique.
Le 29 avril dernier, c’est au travers du documentaire « COVID-19 : 23 jours au cœur d’un hôpital », que les téléspectateurs de La Une-RTBF découvrent les dessous de la prise en charge des patients COVID-19 par l’équipe médicale du Centre Hospitalier Université Tivoli (CHU Tivoli). C’est un reportage long de 52 minutes qui traduit la dure réalité des professionnels de terrain mobilisés au chevet des patients atteints du virus. Quelques jours après, le 3 mai 2020, c’est au tour de la chaîne belge d’information en continu, LN24, de diffuser « I’m not a hero ». Cette fois-ci tournée au sein de l’Hôpital Erasme, ce documentaire traduit l’épreuve difficile de la première vague, vécue par les travailleurs de l’établissement. Tout comme celui dédié au CHU Tivoli, il dépeint, sans détour, le caractère inédit de la situation et lève le voile sur le travail acharné des soignants. Ce reportage connait désormais une renommée internationale avec une sélection au Vancouver International Film Festival (VIFF) ainsi qu’au festival de Raindance à Londres.